Eva et les bêtes sauvages / Antonio Ungar

Une plongée dans la forêt amazonienne en Colombie, pour suivre la trajectoire d’une infirmière qui fuit la ville et ses excès.

Le lecteur est prévenu d’entrée, le « roman est basé sur des évènements réels qui se sont déroulés à Puerto Inírida, en Colombie, du 17 au 21 novembre 1999 ». On découvre Eva au début roman, alors qu’elle se vide de son sang au fond d’une barque dans un endroit perdu dans la forêt amazonienne. Un personnage féminin que l’on va apprendre à connaitre alors que l’auteur décide de remonter l’histoire. Eva a un passé trouble dans une grande ville, Bogota. Elle se cherche, a beaucoup consommé de drogues et décide de fuir cette ville. Infirmière de son état, elle se retrouve alors au milieu d’une guerre qui fait rage notamment pour la ruée vers l’or. C’est là que contre toute attente, elle rencontre un homme à la solde des trafiquants du coin, et qu’une histoire d’amour se noue. Cette histoire d’amour contrariée par les affrontements et les tensions ne va pas empêcher Éva de continuer à faire des rencontres et à avancer, au milieu d’un conflit qui va l’amener à puiser au fond d’elle-même des ressources insoupçonnées. Dans cette partie de la Colombie dangereuse, les hommes sont féroces et sans pitié. Au-delà de l’histoire d’amour naissante, Antonio Ungar décrit une palette de personnage qui tente de survivre au milieu de cet enfer. De la Madrina qui tente de gérer une maison close improvisée au fils d’un gouverneur jeune, mais qui ne lâche rien. Pendant ce temps-là, Eva reste le fil rouge du récit. En toile de fond, le conflit colombien ne cesse de faire des ravages et chacun souhaite avoir sa part du butin dans les multiples ressources en jeu. « Eva et les bêtes sauvages » est un roman noir violent, qui donne la parole aux soldats d’une guérilla responsable de nombreuses dérives. Il y a un juste milieu dans ce roman entre les destins individuels et le contexte politique d’une Colombie, qui durant cette période est plus que jamais éloignée d’un processus de paix. Un livre documenté et prenant, avec des scènes qui marquent le lecteur.

Les premières lignes : « Sur une barque à la dérive, au fin fond de la jungle de l’Orénoque, Eva se vide de son sang. Dans le sommeil de son agonie, elle se demande si elle atteindra jamais une rive vivante, si son corps sera livré aux bêtes sauvages. Et si elle parviendra à éviter pareil destin à son enfant. »

Eva et les bêtes sauvages, ed. Noir sur Blanc, 22,50 euros, 192 pages.

3 réflexions sur « Eva et les bêtes sauvages / Antonio Ungar »

  1. Ca a l’air très fort… j’avais beaucoup aimé Les oreilles de loup de cet auteur, lu il y a bien longtemps, et ce billet me donne vraiment envie de renouer avec sa plume :).
    Et me permets-tu de récupérer ton lien pour l’ajouter au récapitulatif de l’activité que je propose sur février, consistant à lire latino -américain ? (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2022/01/mois-latino-2024-le-recapitulatif.html)
    Bonne semaine !

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