Dans un court essai accessible et important, l’auteur prend le temps de s’arrêter sur ce phénomène que tout le monde côtoie de plus ou moins loin. Que ce soit pour partager ses codes avec ses proches, pour discuter de la dernière série sortie ou pour regarder le dernier spectacle exclusif de tel ou tel humoriste, Netflix est de plus en plus omniprésent dans les vies de chacun. Romain Blondeau met en évidence les mécanismes derrière la plateforme qui ont pour objectif numéro un de capter l’attention de l’utilisateur. Le flux ne doit pas s’arrêter et tout est bon pour ne pas décrocher des séries, que ce soit la possibilité de regarder les séries en accélérées (à la manière du binge watching), de rebondir sur toutes les modes du moment (passer d’une série adaptée aux jeunes à une série plus que discutable sur les comportements sexistes). Le contenu et le fond du propos ne sont plus en jeu et la plateforme prise à son propre piège doit sans cesse se renouveler pour garder ses utilisateurs. C’est aussi suite à l’arrivée de Netflix que les séries ont été consommées différemment. Les utilisateurs ne regardent plus un épisode ou deux dans la semaine avant d’attendre avec impatience la semaine suivante. Il s’agit maintenant d’avoir la possibilité de dévorer tous les épisodes les uns après les autres avant de suivre l’algorithme de Netflix en trouvant une autre série, et ainsi de suite. Cette collection chez Seuil est une belle initiative. Ce petit fascicule de Romain Blondeau offre une belle synthèse sur le sujet et met très bien perspective nos pratiques.
Netflix, l’aliénation en série, ed. Seuil, 4,50 euros, 60 pages.
Les mafieuses 