Ce que vit le rouge-gorge / Laurence Biberfeld

Un roman noir en immersion dans une porcherie bretonne qui produit à outrance.

Bretagne, non loin de Vannes, Jean-Mi et sa femme Marylène dirigent une porcherie qui ne cesse de s’agrandir. Le couple a des ambitions malgré les déboires intimes. Jean-Mi ne peut s’empêcher d’aller voir ailleurs et de nombreuses tensions émaillent leur relation toxique. Garance, une femme taciturne et discrète est embauchée pour aider à la maison, pour s’occuper des deux enfants et pour le ménage. Mais on perçoit rapidement que ce personnage n’est pas revenu dans le coin sans raison. On suit aussi le parcours de Sophie quatre ans auparavant, embauchée à la porcherie par le couple, elle devient rapidement indispensable à l’exploitation et connait tout sur tout lorsqu’il est question des porcs et de leur élevage. Jusqu’au jour où elle disparait sans raison apparente. C’est en remontant les liens entre Garance et l’histoire de Sophie au passé que l’on comprend au fur et à mesure ce qui s’est joué dans l’exploitation du couple. Je découvre Laurence Biberfeld dans ce roman noir singulier, qui questionne l’agriculture intensive avec un angle unique. L’autrice donne la parole aux animaux sans pour autant faire décrocher le lecteur. Cela amène une tension nouvelle tout au long du récit. « Ce que vit le rouge-gorge » dresse des portraits particulièrement réussis, des marginaux qui subissent et qui ne sont pas entendus, qui souffrent en silence ou qui n’ont pas de marge de manœuvre. Il est aussi question des aberrations qui découlent de l’agriculture intensive et de ce modèle violent pour les bêtes (et pour les employés qui le font tourner). J’ai mis un peu de temps à entrer dans l’histoire notamment avec cette construction, mais une fois lancé c’est un pur roman noir qui sonne le lecteur à plusieurs reprises jusqu’au final. L’écriture de Laurence Biberfeld est au plus près des sensations de ses personnages (et des animaux) et cela rend tangibles les situations traversées. Une très belle surprise pour moi, qui me donne envie de continuer à découvrir les livres de l’autrice.

Ce que vit le rouge-gorge, ed. Au-delà du raisonnable, 18 euros, 328 pages.

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer